UNE VIE MODERNE

Découvrir Jean-Luc Renaud
Exposition du 11/09/2015 au 13/10/2015
C’est le public qui m’a aidé à donner du sens à ce projet et à en appréhender la complexité. J’ai fait plusieurs expositions depuis le début de mon travail en janvier 2004. A chaque fois, des questions m’ont été posées que je ne m’étais pas posées. A chaque fois, la réponse proposée allait représenter une petite ouverture vers une meilleure compréhension de ce projet dont voici les principes directeurs.
Le projet :
– Il doit compter à terme 365 images et textes, désignés comme des chapitres ; au moment d’écrire ce texte, la 238° image est en cours de réalisation.
– A chaque image correspond un texte qui la relie à toutes les autres en l’intégrant dans l’histoire
– La thématique principale est de nature sentimentale et mélodramatique ; il s’agit de raconter la vie de quelques personnages le plus souvent du point de vue de leurs aventures amoureuses ; c’est notre expérience partagée de l’amour qui est sollicitée ; cependant quelques événements ou personnages historiques sont aussi évoqués (Kroutchev, Kennedy, De Gaulle, Mao, etc…)
– Le matériau de cette petite histoire prise dans la grande est emprunté à des gens qui ont vécu en laissant derrière eux des photos, des lettres, des papiers de toutes sortes qui ont fini entre mes mains ; il y a 3 personnages principaux : Robert Dé, Lulue et Rita ; les personnages secondaires sont plus nombreux mais n’apparaissent parfois que très peu (Maï, Thérèse, Madeleine, André…)
– C’est un travail de la mémoire qui est entrepris avec ce projet ; il s’agit pour moi d’exploiter ces matériaux et de préserver le souvenir de ces gens ; je cherche aussi à explorer la mémoire collective en évoquant des épisodes de l’enfance, en montrant des objets emblématiques d’une époque, à passer sans arrêt de l’anecdotique à l’universel et de l’individuel au collectif.
Le rapport entre le texte et les images :
Ce sont deux logiques différentes qui me guident dans la peinture et dans l’écriture.
Le travail sur les images est orienté vers la recherche d’une composition qui permette la confrontation d’éléments narratifs très divers. Ils ne montrent qu’une réalité empreinte de subjectivité et dépourvue de toute aspérité, bien souvent évocatrice de l’enfance. Il s’agit d’effectuer un travail de restauration de la mémoire collective.
Nous avons tous en partage des souvenirs de vacances au bord de la mer ou ceux d’une première histoire d’amour. Les images offrent au spectateur des images lisses mais complexes. C’est notre mémoire qui est sollicitée pour donner du sens à cette superposition de signes. Les mots, les objets, les personnages et les fonds se constituent en un réseau de significations qu’il faut interpréter. Chacune appartient à chaque spectateur dans la mesure où celui-ci en fait une lecture qui lui appartient en propre.
Les textes, quant à eux, servent de structure au projet, ils permettent aux images de se constituer en un vaste ensemble narratif qui fonctionne sur le mode de la juxtaposition. Ils provoquent en même temps un retour à l’expérience intime. Il ne s’agit plus de décrire une époque mais de raconter une histoire. Il y a du Nous Deux dans cette narration éclatée. Robert aime Lulue qui ne l’aime pas vraiment tandis que Rita aime Robert qui ne peut pas l’aimer.
Le texte, de toute façon, est là pour servir l’image.
Jean-Luc Renaud, février 2015
« L’art de Jean-Luc Renaud ne saurait se concevoir sans ce perpétuel battage de cartes, ces images comme des icônes remarquablement finies et ces textes factuels, banals qui auraient plu à Eugène Dabit ou à Raymond Guérin. Ce fleuve a un si long cours qu’on en oublie la source. Les scénarii trop huilés piétinent le rêve et le hasard. »
Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine