SONATE PARISIENNE

Découvrir Vincent Winter
Exposition du 27/06/2014 au 25/07/2014

« J’ai débuté ma carrière comme peintre figuratif à New York, et adhéré rapidement à l’art conceptuel des années 1970. Malgré un certain succès, mon désenchantement à l’égard de l’art conceptuel a été rapide et m’a laissé perplexe. J’ai alors décidé de partir en Afrique dans le but de découvrir qu’est-ce qui, dans ses profondeurs, poussait l’homme à créer. J’ai pris mon appareil photo avec moi, il est devenu bien plus qu’un pinceau : un partenaire, une âme sœur.

Dès mon retour je commençais ma carrière de directeur artistique de presse, d’abord à New York, puis à Paris. J’ai eu la chance de travailler pour les magazines Rolling Stone, Esquire, et le New York Times avant d’ouvrir ma propre agence de création graphique à New York, puis à Paris. Mais le virus de l’art n’était pas mort. Des photos-reportages m’étaient régulièrement confiés, et je pensais mon avenir tout tracé. Je remportais des prix. J’exposais. Je gagnais de l’argent. Je voyageais à travers le monde. Puis est survenue la « crise » et tout à volé en éclats.

Ce qui s’annonçait comme une lutte avec des vents contraires, s’avéra être un tournant essentiel de ma vie. J’ai commencé à déambuler dans les rues de Paris avec mon appareil photo. Un jour, j’ai photographié un portrait qui me plaisait dans une vitrine. Deux ou trois jours plus tard je l’ai téléchargé, et m’est apparu quelque chose que l’appareil avait capté à mon insu. Révélation!. Le portrait était là, à demi masqué par le reflet des immeubles et de la ville derrière moi, et je me reflétais, moi aussi, dans le portrait. Ce fut le point de départ de «Reflexions», une série d’ « autoportraits intégrés ».

Cinq ou six années plus tard, j’ai vu une rétrospective André Kertész. Je connaissais déjà son œuvre, mais cette exposition m’a frappé. Vers la fin de ses jours, vivant presque reclus dans son appartement New Yorkais, il a acheté un téléobjectif et s’était mis à photographier l’environnement perceptible autour de lui — mitres de cheminée, silhouettes de gens sur la neige, etc… Toute l’exposition me criait : «Regarde autour de toi !».

J’ai commencé à pointer mon objectif sur des ombres, des murs, sur tout. Un jour, alors que je photographiais un trottoir parisien, j’ai compris que j’étais entré dans un univers parallèle. Les traces laissées par le passage des gens, des animaux, des machines sur le revêtement urbain — une fois extraites de leur contexte — offraient de multiples interprétations, allant des galaxies à l’abstraction pure.

De l’infiniment petit à l’infiniment grand. J’appelais cette série « Passages ».« Sights », par contre, se veut légèrement humoristique tout en s’efforçant de révéler les monologues intérieurs des gens. Ces trois séries réunies composent « sonate parisienne ». »

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