LE CORPS ET L’EAU

Exposition du 23.03.2018 au 30.04.2018
Découvrir Gil Rigoulet, photographe & Sylvie Mangaud, sculpteur
“Le corps et l’eau ”
« Ces photos font partie d’une recherche que j’ai menée pendant une trentaine d’années sur le thème « Corps et eau ». Que ce soit sur les longues plages de France, dans les Caraïbes, au bord de l’Océan Pacifique ou dans les eaux des piscines du monde entier, des images de liberté, de quiétude, d’un état premier du corps, où l’imaginaire se dilue dans l’eau jusqu’à la méditation. »
La série “Molitor” en 1985
« J’ai réalisé cette série d’images en noir et blanc sur la piscine Molitor au cours de l’été 1985. Elle fait partie d’une recherche sociologique et esthétique que j’ai menée pendant une trentaine d’années sur le thème du « Corps et de l’eau » dans les piscines du monde entier.
Sur le « premier » Molitor, de l’après-guerre à la fermeture en 1989, il n’y a pas de témoignage photographique équivalent. Mes images parlent d’un lieu quasi-mythique où se pressait une foule bigarrée, joyeuse et indisciplinée. Je promenais mon appareil photo au ras de l’eau, en toute liberté, sans aucune gêne ni aucune autorisation, personne ne s’en préoccupait !
Les jeunes femmes roulaient d’un air détaché leur maillot une pièce sur les hanches, ou ôtaient le haut de leur bikini, attentives aux marques du bronzage. Elles nageaient les seins nus, naïades effrontées, dignes enfants de Bardot. La peau perlée de gouttes, on « s’en grillait une » après le bain. Les garçons étaient priés d’étaler l’ambre solaire dans le dos de ces demoiselles. Nous nous acquittions docilement, subjugués par les senteurs du monoï vanillé « pur Tahiti ».
C’était l’époque des piscines plaisir. On flirtait, on gazouillait, on rêvassait. Le temps s’étirait. Nous étions ivres des cris des enfants, saoulés par les odeurs de chlore et l’érotisme ambiant. Au sortir des cabines numérotées, les regards se croisaient, un brin fiévreux, à peine voilés. La piscine, c’était la vie ! »
La série « Corps et eau » depuis 1984 à maintenant (exposée pour la première fois)
« Cette série a débuté il y a 30 ans. L’eau a toujours été mon élément, je nage toujours longtemps, sentir mon corps dans ce mouvement aquatique où je me fonds depuis tout petit : les vacances au bord de la mer, et plus tard au bord des piscines. À l’époque, c’étaient des lieux ludiques où l’on trainait entre copains, on y restait des heures. C’était bruyant et animé, avec mes lunettes de plongée j’allais trouver la paix sous l’eau, je faisais de longues apnées : je découvrais ces corps qui se lâchaient.
Eté 1984, Christophe, un ami parisien nous rejoint à la piscine d’Evreux avec un petit appareil amphibie, le Baroudeur fabriqué par Fujica pour les familles en vacances. Une merveille, qui pouvait descendre à 5 m de profondeur et d’une très belle qualité optique. Je lui ai emprunté pendant tout l’été…..Puis j’en ai eu quatre qui ne m’ont pas quitté durant ces 30 années.
Je plonge. Les corps flottent comme suspendus, d’autres déambulent, ils s’entremêlent dans un ballet lent, l’humidité les dévoile et impose leur sensualité non avouée. Ils se libèrent. Les pieds d’un nageur disparaissent dans une nuée de fines bulles, des jambes ondulent doucement, un visage épanoui se mêle aux éclaboussures d’un plongeon. Des dos au repos se zèbrent aux ondulations de la lumière, une silhouette épouse la surface de l’eau aussi agile qu’un dauphin. Mon regard se glisse dans cette intimité aquatique, aussi libre que l’eau nous révèle. »
Gil Rigoulet